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"Zola à bicyclette - Libre et dans le vent" - Jean-Paul Vespini

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"À bicyclette, je vis dans le vent, je ne pense plus et rien n'est d'un aussi délicieux repos." Toute la presse est en émoi et, il faut bien le dire, un peu moqueuse : Emile Zola, au mépris de son embonpoint, s’est offert une bicyclette ! Et pas n’importe laquelle. Il a porté son dévolu sur une Rudge à mille francs (le double du prix moyen d’un deux-roues), dotée des dernières innovations techniques : un cadre, un frein avant, et des pneus à air. Il est le deuxième acquéreur de ce modèle de luxe, le premier ayant été vendu à Charles Terront, qui vient de réaliser l’exploit de relier Saint-Pétersbourg à Paris à bicyclette, justement ; 3000 kilomètres de chemins défoncés, parcourus en 14 jours, 7 heures et quelques minutes. Zola amène sa bicyclette à Médan, où il a sa maison de campagne, et en commande une deuxième pour Jeanne, sa maîtresse de vingt-sept ans sa cadette, qu’il installe pour l’été à Verneuil, et qu’il pourra ainsi aller visiter à vélo… Sa femme Alexandrin...

Pause...

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  L'heure du départ a enfin sonné ! Séjour au vert et au calme, entre Vercors et Diois, lectures, marches et baignades en rivière... Voici venu le temps de mettre le blog en pause, puisque les vacances sont synonymes de déconnexion totale, sans écran ni internet. Il y aura tout de même un peu de vie par ici, avec deux billets programmés en mon absence, un  le 15 août , à l'occasion des  Escapades Européennes de Cléanthe sur le thème du voyage ,  et un  le 25 août , dans le cadre des  "Classiques fantastiques" de Moka, qui nous invite à lire des classiques africains . Vous pourrez bien sûr commenter ces billets, mais je ne validerai et répondrai à vos commentaires qu'à mon retour, fin août. ************************************** Le programme de la rentrée sur le blog est déjà partiellement établi. Il y aura encore quelques  Pavés , voire des  Epais , ainsi qu'une participation au défi que propose Philippe autour des "Trilogies et séries de l'été",...

"Apeirogon" - Colum McCann

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"Quand on est sur la corde raide... on regarde au loin. Pas en bas." On y apprend ce qu’est un apeirogon (je ne suis pas sûre d’avoir compris, j’ai toujours eu du mal avec la géométrie), et ce qui définit les nombres amicaux. Que le bois d’olivier se conserve même dans l’eau, ou comment les dolines de la mer Morte peuvent engloutir des bâtiments et de portions de routes. Il y est beaucoup question d’oiseaux, notamment des migrateurs, mais aussi des ortolans qui ont constitué le dernier repas de François Mitterrand. Récurrentes aussi, les données balistiques, l’histoire des armes et leur utilisation, de la fronde aux drones, en passant par le shrapnel ou le M-16. La guerre y est ainsi omniprésente, et avec elle cette éternelle propension qui semble pousser les hommes à la mener, l’inventivité -voire l’imagination délirante- avec laquelle ils ont conçu, à travers les siècles, les moyens de tuer et de torturer leurs semblables. Mais ce n’est pourtant pas sur cela que Colum McCan...

"Stöld" - Ann-Helén Laestadius

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"Un lapon mort est un bon lapon." Elsa, neuf ans, fillette samie, vit dans un village proche du cercle polaire arctique, au nord de la Suède. Son quotidien est rythmé par les coutumes de la communauté dont elle fait partie, inextricablement liées à l’élevage de rennes qui, plus qu’un moyen de subsistance, constitue le fondement du mode de vie sami. L’existence aurait pu être paisible, entourée de parents attentionnés -malgré l’humeur souvent maussade de la mère- d’un frère adolescent un peu rebelle, et d’une extravagante grand-mère. C’est pourtant une enfant pétrie d’angoisse, qui se sent désespérément seule depuis qu’elle a été témoin d’une scène qui ne cesse de la hanter, celle d’un homme la menaçant en silence alors qu’il venait juste de tuer son faon…  Cet homme, c’est Robert Isaksson, du village voisin, tueur de rennes notoire. Et il n’est pas le seul. Ce n’est pas la première fois que les éleveurs ont à déplorer la perte d’une bête… et les coupables se cachent à peine, ...

"Des murmures" - Ashley Audrain

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"Est-ce qu'on va faire comme si rien ne s'était passé ?"  Leurs voisins sont réunis chez les Loverly. Les femmes sont parées de leurs accessoires les plus coûteux, les hommes ont sorti leur plus belle paire de chaussures. Le traiteur est formidable, la maison moderne et luxueuse, les photos diffusées sur les réseaux sociaux rendront forcément justice à la perfection du moment… perfection soudainement égratignée par un incongru accroc : depuis la fenêtre ouverte d’une chambre à l’étage, on entend la maîtresse de maison hurler des insultes à Xavier, son fils de dix ans. Neuf mois plus tard, c’est depuis cette même chambre que Xavier fait une chute qui provoque son coma.  S’intéressant aux femmes qui orbitent autour de ce drame, l’auteure reconstitue les événements qui l’ont précédé. Elles habitent toutes Harlour Street, rue d’un ancien quartier populaire d’immigrés portugais en dernière phase de gentrification, où hôtels de luxe, épiceries végan et boutiques hors de pri...

"Solénoïde" - Mircea Cărtărescu

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"Car, en effet, la beauté est toujours la rencontre sur une table de dissection du parapluie et de la machine à coudre." Quelques faits ? Le narrateur enseigne le roumain dans un collège de la périphérie de Bucarest. Un humiliant échec -une critique aussi violente que moqueuse d’un de ses poèmes lu à un cercle d’étudiants- l’a des années plus tôt fait renoncer à son rêves de devenir écrivain.  Il a été marié mais vit dorénavant seul, bien qu’il entretienne une liaison avec sa collègue Irina, professeure de physique dont les admirables yeux bleus compensent les airs de martyre. Il vit dans une grande maison en forme de navire, située dans une rue où règne un éternel automne, peuplée de campements de tziganes, où aucune habitation n’est normale, une rue à l’entrée de laquelle la réalité s’arrête…. (Voilà, ça commence à dérailler… impossible d’évoquer des faits en occultant la manière dont ils sont tordus, amplifiés, par la lecture qu’en fait le narrateur). Son éviction précoce ...

"La tante Julia et le scribouillard" - Mario Vargas Llosa

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"(…) les livres sortaient de cette petite tête obstinée et de ces mains infatigables, l'un après l'autre, à la mesure adéquate, comme des chapelets de saucisses d'une machine." Varguitas, narrateur et double de l’auteur, revient sur une période de sa jeunesse.  Nous sommes dans les années 1950, et il étudie alors le droit, sans grande conviction mais avec résignation (se soumettant au souhait de sa " cancéreuse famille "), à l’université de Lima (lui aurait préféré devenir écrivain). Pour arrondir ses fins de mois, il rédige et diffuse les actualités à l’antenne de Radio Panama, des bulletins d’une minute chaque heure, ce qui lui laisse le temps de suivre ses cours à la fac, mais aussi et surtout de traîner dans les couloirs de Radio Central, dont son patron est également propriétaire. Autant Radio Panama, snob et cosmopolite, se veut moderne en diffusant essentiellement du jazz et du rock, autant Radio Central est plébéienne, voire populacière. On y pas...